Article rédigé par Verenea Maier (Allemagne) – Cours de FLE pour étudiants internationaux inscrits dans les programmes d’échange de l’Université de Lille -SHS – UE9
Visite de l’exposition, le 16 mars 2016 au LAM à Villeneuve D’Ascq. – Présentation de deux oeuvres choisies :
1) 
Cette œuvre est un portrait de l’artiste Léopold Survage. Il s’agit d’une peinture à l’huile sur toile. Peinte en 1918 par Modigliani, elle fait partie de l’ancienne collection Roger Dutilleul et se trouve aujourd’hui en possession de l’ Ateneum Art Museum, de la Galerie Nationale finlandaise à Helsinki. Actuellement, le LAM à Villeneuve d’Ascq a l’honneur d’exposer ce portrait.
Le contexte de la naissance de cette œuvre :
On suppose que Modigliani et Léopold Survage (1879-1968) se sont rencontrés à Paris chez la baronne d’Oettingen, qui y tenait un salon autour des membres de la revue Les Soirées de Paris, fondée par Guillaume Apollinaire. Durant l’été 1918, Modigliani est invité par Survage à peindre dans son appartement à Nice. Ensemble ils ont donc réalisé quelques tableaux de paysages en plein air. Idem en 1918 où est produit ce portrait de Survage. Si maintenant on se demande pourquoi cette œuvre est si particulière – il faut bien regarder les yeux de Survage sur cette peinture. À la vue de son portrait, Survage a demandé à son ami Modigliani pourquoi il l’ avait peint avec un seul œil. Modigliani a répondu qu’il ne lui avait fait qu’un œil parce qu’il regarde le monde avec l’un et avec l’autre il regarde en lui. Cette particularité qui, au début, ne semble pas du tout être évidente est en même temps la raison de mon choix de cette œuvre. Au premier regard, le portrait me semble commun, pas du tout particulier. Mais en regardant bien et en connaissant l’histoire de l’œuvre, je l’adore parce que l’idée d’un œil intérieur dans l’homme me plaît et surtout parce qu’il me fait réfléchir. La même idée de l’œil intérieur se retrouve aussi dans une autre œuvre de Modigliani peinte la même année.
Cette peinture qui est propriété du musée de l’art moderne « Moderna Museet » à Stockholm a permis au LAM de faire la publicité pour l’exposition temporelle des œuvres de Modigliani. Il s’agit d’une « Femme assise à la robe bleue » qui a des yeux gris sans pupilles ce qui représente le regard à l’intérieur de soi. Cette œuvre est à situer à l’époque de la fin de la carrière de Modigliani. Même si la femme du portrait est montrée dans une position académique classique, elle représente pourtant beaucoup d’éléments du propre style de Modigliani, comme par exemple le visage plutôt plat, le long nez et la petite bouche, qu’ il a changés et développés pendant toutes les années de sa carrière comme artiste.
2) 
Amedeo Modigliani est non seulement connu comme peintre mais aussi comme sculpteur, même s’il a eu beaucoup plus de succès avec ses peintures. En tout il n’a laissé derrière lui que 27 sculptures connues, dont cinq sont actuellement présentes à l’exposition du LAM. Ici je veux présenter la seule statue en marbre de Modigliani (la plupart des autres sont sculptées en pierre simple). Cette œuvre qui est conservée au musée national d’art moderne au centre Georges Pompidou à Paris, s’appelle « Tête de femme ». Elle a été faite vers 1913, même si la sculpture ressemble à l’art de la préhistoire. La sculpture en marbre blanc a une taille de 50,8 x 15,5 x 23,5 cm. Les éléments notables concernant son apparition sont le cou allongé et le visage ovale allongé avec un nez long et plat, une petite bouche et des yeux en forme d’amande ou lenticulaire. Ces éléments particuliers mentionnés sont caractéristiques des sculptures et du style artistique de Modigliani et apparaissent aussi dans ses peintures (cf. œuvre présentée 1), par exemple. Souvent, avant de sculpter, Modigliani a produit un dessin de l’œuvre qu’il voulait faire. Modigliani avait pour but principal de devenir le sculpteur le plus connu. Il a travaillé beaucoup sur la forme, notamment par rapport au visage humain, en recherche de la forme pure et essentielle. Cette tendance se voit aussi quand on examine d’autres sculptures de Modigliani. Ses sculptures (ainsi que l’art de ses contemporains) sont influencées par Bouddha (plus précisément par le sourire léger de la statue de Bouddha) et par des masques africains. En raison de cette inspiration, les formes utilisées par Modigliani pour dessiner ou sculpter un visage, qui sont aujourd’hui connues pour le style artistique de Modigliani, avaient changé (→ géométrisation des formes: petite bouche ronde, des oreilles allongées, pas de pupilles, etc.) .
La santé fragile de Modigliani l’a rendu sensible aux poussières produites par la taille de la pierre. Il était donc poussé par des raisons de la santé, ainsi que par des difficultés matérielles liées au début de la Première Guerre mondiale, et probablement par le constat d’impuissance face à la matière, à abandonner la sculpture. Pour moi personnellement, la sculpture « tête de femme » – au premier regard – ressemble plutôt à la tête et au visage d’un singe qu’à celui d’une femme. Mais j’aime bien cette œuvre car elle m’évoque la pensée aux temples mystiques et aux statues au Tibet. J’ai choisi de présenter cette sculpture parce qu’elle est unique et surtout parce qu’elle est rare comme il n’y a déjà que très peu de sculptures de l’artiste Modigliani. Elle n’est pas comme d’autres sculptures qui sont travaillées en détail. En sculptant la « Tête de femme », Modigliani s’est concentré sur l’essentiel. Son œuvre est inspirée par l’art khmer. Elle ressemble donc beaucoup aux sculptures de l’art khmer ou (aux masques) de Côte d’Ivoire. En plus, sur l’Île de Pâques, se trouvent des sculptures auxquelles l’œuvre de Modigliani ressemble beaucoup, surtout si on compare les nez qui sont similaires. Une différence est la taille des sculptures, évidemment les statues de l’Île de Pâques sont beaucoup plus grandes que « Tête de Femme ».
L’art khmer
Les statues de l’Île de Pâques
Article rédigé par Verena Maier (Allemagne) – Cours de FLE pour étudiants internationaux inscrits dans les programmes d’échange de l’Université de Lille -SHS – UE9
DEFI-Université de Lille – SHS
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