Expo "Amedeo Modigliani, l'oeil intérieur"

« La Maternité » et le « Portrait de Roger Dutilleul » peints par Modigliani

Article rédigé par Joyce Ho Tsz Yan (Hong-Kong) – Cours de FLE pour étudiants internationaux inscrits dans les programmes d’échange de l’Université de Lille – SHS – UE9

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La maternité 1919
Il s’agit d’un portrait de la femme et de la fille du peintre, Modigliani a fait ce tableau en 1919, un an avant sa mort provoquée par l’alcoolisme. Dans cette œuvre, il y a une femme qui tient un enfant sur ses genoux avec un fond composé des lignes et de couleurs faites de dégradés de marron. La raison de mon attirance pour cette œuvre réside dans le choix de la représentation de la vie familiale de l’artiste, ce qui est peu commun dans l’ensemble de son œuvre. Pourtant les techniques de peinture connues chez l’artiste sont employées, notamment, le nez et le cou allongés, les yeux bridés, la bouche comme le sourire de bouddha, la grosse main et la forme orthogonale du personnage. Ce tableau évoque pour moi l’amour maternel et la condition modeste de cette femme en raison de sa main massive et rougie par le travail. Le sentiment tragique est peut être dû au fait que la femme alors enceinte de l’artiste, se suicidera le lendemain de la mort prématurée de ce dernier. Il laisse entrevoir la vie intime des artistes et suscite une empathie envers ceux qui n’étaient pas appréciés par le public à leur époque.
Ce portrait me fait penser à la vierge à l’enfant, et le titre fait référence à la nativité très représentée dans les tableaux de la Renaissance italienne . Cependant, les couleurs ne sont pas celles employées traditionnellement : le bleu et le rouge. De façon très inhabituelle, le peintre décide de représenter une femme aux cheveux roux. La couleur rousse n’est pas fréquente dans la culture occidentale car elle comporte plusieurs connotations négatives, notamment celles du diable et de l’enfer avec le feu. Botticelli

Botticelli, La vierge à l’enfant (1467)

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Portrait de Roger Dutilleul 1919

Comme le titre le suggère, ceci est un portrait dont le sujet est Roger Dutilleul, peint par Amedeo Modigliani en 1919. Roger Dutilleul est un collectionneur de tableaux. La plupart des œuvres de l’exposition Modigliani qui a lieu en ce moment au musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq faisaient partie de sa collection. Il était amateur d’art et soutenait l’artiste par ses achats et ses prêts à de nombreuses expositions. Il a tellement admiré Modigliani qu’il a acheté tous les tableaux de la galerie, c’est pour cela le marchand du tableau a proposé que Modigliani fasse le portrait de son mécène. J’ai choisi cette œuvre parce qu’elle renvoie à la relation entre le mécène et l’artiste et il est rare pour les artistes de peindre leurs mécènes. Modigliani a fait des portraits de ses amis dont certains sont des peintres connus et d’autres tombés dans l’oubli, par exemple parmi les plus célèbres : Pablo Picasso, Diego Rivera, Chaim Soutine et Moise Kisling. Le peintre a intégré sa propre interprétation de la physionomie et ses sentiments envers ses confrères artistes. On peut trouver parfois des visages tordus ou bien sans pupille, notamment celui de Léopold Survage. Ces tableaux évoquent en moi un sentiment confus voire étrange. Cependant, le portrait de Roger Dutilleul révèle au contraire une impression paisible puisque le mécène est présenté avec des couleurs sombres mais harmonieuses. Le portrait renvoie une sérénité puisque le personnage fait penser à la figure tutélaire d’un grand-père. Le visage incliné et la pipe à la main donne l’image d’un être attentionné pour la création de l’artiste. Tandis que le costume noir fait penser à une soutane, accentuant le caractère rassurant du sujet.
Un autre artiste connu qui a fait des portraits de son mécène est Van Gogh. On pourrait dire que Paul Gachet est immortalisé par le peintre puisqu’il existe un tableau connu intitulé Portrait du docteur Gachet (1890) . Le visage du docteur est calme et pensif. Même si Van Gogh a gardé son style avec des courbes dans cette œuvre, ce tableau n’évoque pas un sentiment torturé comme ceux réalisés sous l’influence de la folie à la fin de sa vie. Dans ces deux tableaux, on ressent que les peintres tous deux fragilisés par la maladie et surtout le manque de reconnaissance de leur vivant par leurs contemporains trouvent un appui solide dans la personne de leur mécène.

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Van Gogh, Le portrait  du docteur Gachet

Article rédigé par Joyce Ho Tsz Yan (Hong-Kong) – Cours de FLE pour étudiants internationaux inscrits dans les programmes d’échange de l’Université de Lille – SHS – UE9

DEFI-Université de Lille – SHS

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